In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 30 septembre 2012

E. van der Elsken - Couple endormi (1953)

Le vide grenier du dimanche. Deux clichés de Ed van der Elsken, (1925-1990), figure emblématique, par son approche intensément personnelle, de la photo et du cinéma documentaire néerlandais. Né à Amsterdam, il s'installe à Paris en 1950 pour y travailler comme tireur de laboratoire chez Magnum Photos.
Il découvre alors les cercles bohèmes de la capitale, un univers de figures atypiques et profondément humaines, souvent marginales, qui vont occuper le coeur de son oeuvre.
En 1956, il publie Love on the Left Bank, un livre photographique novateur mi-documentaire mi-fiction. À travers l’histoire romancée d’une jeune femme à Paris, incarnée par l'artiste australienne Vali Myers, il construit un récit à l'esthétique presque cinématographique qui bouleverse les codes de l’époque et consacre immédiatement sa notoriété.
E.vd E. - Temple, Tokyo
 
En 1959, lors de son premier voyage au Japon, Van der Elsken noue des liens étroits avec Eikoh Hosoe et le groupe de photographes VIVO. Des échanges qui vont élargir ses perspectives esthétiques et approfondir son goût pour l’expérimentation ; en un mot enrichir son regard artistique.
Son style, au bout du compte, peut se définir par son caractère sans concession et sa spontanéité... ; des clichés proches de l’esthétique du « snapshot » par lesquels il a su à sa manière traduire l’universalité de l’expérience humaine et une part de ce que Werner Bishof (voir juin 2009) appelait le vrai visage du monde.

NC4

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dimanche 23 septembre 2012

M.T. Liepke - In her arms (2001)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Malcolm T. Liepke (b.1953), figure marquante du renouveau de la peinture figurative contemporaine. Autodidacte, il se forme en étudiant les œuvres de maîtres comme Sargent, Whistler, Degas ou Velázquez, en quête d'une sensibilité à la fois classique et moderne.
Certains de ses tableaux font aujourd'hui partie des collections du Brooklyn Museum et du Smithsonian.
Le plus souvent, dans l'intimité de l'alcôve ou la solitude de bars bondés, son oeuvre explore les sentiments de la relation amoureuse, la tendresse, l'abandon - dans tous les sens du terme - ou la désillusion.

"Although I do think about the things I am expressing, I try to make it as direct as I can - I try not to get in the way of the emotions... In essence, I believe that no matter how alone we may feel in the world, we all share the same human experiences. We all have the same basic needs for connection, love, and understanding.[....]
M.T. Liepke - Embrace (1995)
[....] I try to reach those universal needs; it's what's primal in art. I try to say it through mood, color, atmosphere, and texture. It's difficult to express through words things that are so beautiful that they have no words. I can't explain it. I have to paint it."

Sous les coups de brosse affirmés, la texture est épaisse. Les nuances, parfois grossières et comme délibérément malhabiles, sont en fin de compte pleines d'humanité, comme les sentiments et les émotions qu'elles dépeignent. 
"The biggest thing about my art is getting my mind to open to the point where it comes tumbling out. I can't think about brushstrokes. If I think too consciously, my arm freezes up."
Mais au fait......, Malcolm Liepke connait-il le travail de Ed Van der Elsken ?
JH1

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samedi 22 septembre 2012

Antoine Carte - L'effort (1920)
Une image et des mots. L'image est un tableau du peintre et illustrateur belge Antoine 'Anto' Carte (1886-1954). Les mots sont un extrait du roman dystopique de l'américaine Lois Lowry, Le Passeur (1993).

- Mais je les veux ! dit Jonas avec colère. Ce n'est pas juste que rien n'ait de couleur !
- Pas juste ?
Le Passeur regarda Jonas avec curiosité.
- Explique-moi ce que tu veux dire.
- Eh bien.... Si tout est pareil, on n'a plus de choix. Je veux pouvoir me lever le matin et faire des choix. Une tunique bleue ou une tunique rouge ?
Il baissa les yeux sur le tissu terne de son habit.
- Mais c'est toujours la même chose.
Puis il rit doucement.
- Je sais que ça n'a pas d'importance, ce que l'on porte. Cela ne compte pas. Mais...
- C'est le fait de choisir qui compte, n'est-ce pas ? lui demanda le Passeur.

dimanche 16 septembre 2012

G. Parks - Chicago (1957)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du romancier et photographe américain Gordon Parks (1912-2006), figure majeure de la photographie du XXe siècle et premier Afro-Américain à travailler pour Life Magazine. Né dans le Kansas dans un contexte de ségrégation, Parks se forme en autodidacte, achetant son premier appareil photo d’occasion dans un train de nuit. Très vite, il comprend que la photographie peut devenir une arme contre l’injustice. J'ai vu que la photo pouvait être une arme contre la pauvreté, contre le racisme, contre toutes sortes de torts sociaux. J'ai su à ce moment-là que je devais avoir un appareil photo.

G.P. - Harlem, NYC (1948)
Son premier travail professionnel consiste à photographier des modèles pour un grand magasin de St. Paul, dans le Minnesota. Cette expérience lui ouvre les portes de la presse locale de Chicago, où il commence à documenter la vie des quartiers pauvres du South Side.
C’est ce travail engagé qui lui vaudra d’être recruté par Roy Stryker pour la Farm Security Administration (FSA), où il va rejoindre une équipe prestigieuse de photographes documentaristes tels que Marjory Collins, Jack Delano, Dorothea Lange, Walker Evans ou Arthur Rothstein - autant de noms déjà évoqués ou à venir dans ce blog. Leur mission : sensibiliser l’opinion à la réalité sociale de l’Amérique, et appuyer, par l’image, les réformes du New Deal du Président Roosevelt face aux ravages de la Grande Dépression...
Tout au long de sa carrière, Gordon Parks poursuit ce double mouvement : engagé politiquement, proche des milieux artistiques et militants, il documente aussi bien la vie des gangs de Harlem que les campagnes de Martin Luther King ou les tensions raciales dans le Sud des États-Unis. Parallèlement, il développe un travail plus intime, empreint de poésie et de symbolisme, où la photographie devient un langage personnel. Toute son œuvre est traversée par une volonté constante : révéler l’humanité derrière les apparences, et raconter une histoire - la sienne, celle de son peuple, et celle d’un pays en mutation.

dimanche 9 septembre 2012

David Inshaw - She did not turn (1974)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du britannique David Inshaw (b.1943), associé au renouveau de la peinture figurative en Angleterre dans les années 1970. Formé à la Beckenham School of Art puis au Royal Academy Schools de Londres, il enseigne un temps à la West of England College of Art avant de s’installer dans le Wiltshire, région dont les paysages vont profondément nourrir son œuvre.

D. Inshaw - Allotments (1988)


Deux ans après la découverte par le public de The badminton game, le tableau qui l'a rendu célèbre, il crée en 1975 le groupe The Brotherhood of Ruralists (d'abord nommé Broadheath Brotherhood) avec cinq autres artistes qui prônaient une esthétique poétique, symbolique, souvent inspirée par la campagne anglaise, en réaction à l’art conceptuel dominant.
Parmi eux, Peter Blake et Jann Haworth, les créateurs de la pochette de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band.
David Inshaw peint des scènes énigmatiques, suspendues dans le temps, où les figures humaines se fondent dans une nature imprégnée de mystère, comme dans le tableau ci-dessus. On peut par moments y percevoir l’héritage de William Blake ou de Samuel Palmer, que je présenterai sans doute. Ses tableaux parlent de mémoire, de solitude, de l’étrangeté du quotidien, tout en magnifiant une Angleterre rurale à la fois réelle et imaginaire.
I am not interested in making photographic representations of the world around me, but in creating a pictorial language that can express my thoughts and feelings in a poetic and symbolic way. It is a way of creating meaning and beauty in a world that can sometimes seems empty and meaningless.
Pour découvrir son travail, c'est ICI.

RP1 ICI