In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 27 juin 2010

J.S.S. - F.L. Olmsted (1895)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de l’Américain - très “français” - John Singer Sargent (1856–1925), maître du portrait mondain à la fin du XIXe siècle. Il a peint une quantité invraisemblable de portraits de commande, souvent très posés, pour les rich and famous de son temps. 
Formé à Paris, puis installé à Londres, il s’impose vite par sa virtuosité technique et un sens du caractère qui font de ses portraits bien plus que de simples représentations sociales. Mon choix s’est porté sur deux tableaux qui, pour moi, se démarquent justement par leur naturel.

J.S.S. - The Black brook (1908)
Le premier, que j’ai préféré (de peu) à un portrait de Stevenson - simplement parce que j’aime Stevenson - montre Frederick Olmsted, le “père” de Central Park, saisi dans une pose bonhomme, adoucie par un buisson de fleurs blanches au premier plan. Une manière discrète et touchante, peut-être, d’humaniser l’homme public.
Le second, au bord d’un torrent alpin, montre sa nièce Rose-Marie Ormond dans un moment simple et naturel, loin du formalisme des salons.
JF1

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samedi 26 juin 2010

Anonyme - Stan del Giocondo
Une image et des mots. L'art.... On pourrait se satisfaire de la belle définition qu'en donne Robert Fillou, à savoir que l'art c'est tout simplement ce qui rend la vie plus intéressante que l'art.
Mais qu'en dit Bergson ?

Comment demander aux yeux du corps ou à ceux de l'esprit, de voir plus qu'ils ne voient ? L'attention peut préciser, éclairer, intensifier. Elle ne fait pas surgir, dans le champ de la perception, ce qui ne s'y trouvait pas d'abord. Voilà l'objection. Elle est réfutée, croyons-nous, par l'expérience. Il y a, en effet, depuis des siècles, des hommes dont la fonction est de voir et de nous faire voir ce que nous n'apercevons pas naturellement. Ce sont les artistes.
À quoi vise l'art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? [....] Un Corot, un Turner, pour ne citer que ceux-là, ont aperçu dans la nature bien des aspects que nous ne remarquions pas.
Henri Bergson, La pensée et le mouvant, Conférences d'Oxford (1911).
PG3

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dimanche 20 juin 2010

A.K. - Mer avec un voilier (1890)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Arkhip Kuindzhi (1842-1910), considéré comme un des plus grands peintres paysagistes russes de la seconde moitié du 19ème siècle.

A. Kuindzhi. - Mer (1887)
Issu d'une famille très pauvre de grecs de Crimée, il rejoint après quelques années d'apprentissage le groupe des Peredvizhniki ("Itinérants", ou Ambulants), dont je reparlerai probablement dans une future publication consacrée à son contemporain Vassili Polenov. Il fait alors la connaissance d'Ivan Kramskoï et de Ilya Répine, deux rencontres importantes qui vont déterminer l'orientation réaliste de son travail, avec l'expression de préoccupations sociales et politiques.
AP1

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dimanche 13 juin 2010

C. de Keyzer - Infrared (c.1980)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe belge Carl de Keyzer (b.1958). Formé aux beaux-arts, De Keyzer s’est d’abord fait connaître dans les années 1980 par des séries documentaires en couleur, où il capte avec une distance parfois ironique les tensions, les absurdités ou les failles du pouvoir : politique, militaire, religieux.
Sa première publication, India (1987), lui vaut une reconnaissance internationale immédiate. Avec Homo Sovieticus (1989), qui documente la désagrégation de l’Union soviétique, il franchit un nouveau cap et entre en 1990 à l’agence Magnum, dont il devient membre à part entière en 1994.
C. de Keyzer - India, Bombay (1985)

D'autres projets suivront, comme God, Inc., Congo..
À travers eux, Carl de Keyzer aborde la question des formes d'autorité et des systèmes idéologiques, souvent en déclin ou en mutation. Son travail, à la lisière du photojournalisme et de l'essai visuel, s'inscrit dans une tradition documentaire critique qui dépasse la stricte chronique.
"Je veux questionner les images qui sont dans notre mémoire. Il y a toujours deux niveaux dans mon travail; ce que vous voyez est vrai, et en même temps ne l'est pas."
En somme, comme disait Pirandello : À chacun sa vérité ...

dimanche 6 juin 2010

Amaldus Nielsen - Vue depuis le fjord (1897)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres d' Amaldus Clarin Nielsen (1838-1932), grande figure du naturalisme nordique dont il est le premier représentant norvégien. 

A. Nielsen - Cabane de pêcheur (1895)









Originaire de Mandal, sur la côte sud de la Norvège, Nielsen se forme d’abord à l’Academy of Art de Copenhague, avant d’étudier à la Kunstakademie de Düsseldorf, haut lieu du paysage romantique allemand. Il y est l’élève de son compatriote Hans Fredrik Gude, le grand peintre paysagiste, qui fera l’objet d’une prochaine publication.
Peu à peu, Nielsen s’écarte de l’esthétique romantique pour s’attacher à une représentation plus fidèle, presque clinique, de la nature norvégienne : forêts, fjords, ciels mouvants, plages austères baignées d’une lumière rase. Le tableau ci-dessus en est un bel exemple : cette palette subtile, entre gris perle et bleu ardoise, qu’il emploie pour peindre les paysages de la côte sud, autour de Kristiansand où il s’installe.
Ce ciel, cette eau, ces silhouettes de bateaux sur la ligne d’horizon… Le monde aurait pu être simple comme le ciel et la mer, écrivait Malraux.
DS2

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samedi 5 juin 2010

Ma Yuan - Paysans au retour du travail
(détail)
Une image et des mots. L'image c'est cette encre sur soie du début du 13e siècle par Ma Yuan (c.1160-1225), de près de deux mètres sur plus d'un mètre, conservée au Palais de Pékin et intitulée selon les sources "Paysans dansant et chantant au retour de travail" ou "Le chant des premières pousses".
Les mots sont de Thoreau, extraits de Walden ou la vie dans les bois.

"Si chaque saison à son tour nous semble la meilleure, l'arrivée du printemps est comme la création du Cosmos sorti du Chaos, et la réalisation de l'Âge d'or [..(ici Thoreau cite Ovide).. ].
Ma Yuan
Paysans au retour du travail
Il suffit d'une petite pluie pour rendre l'herbe de beaucoup de tons plus verte. Ainsi s'éclaircissent nos perspectives sous l'afflux de meilleures pensées. Bienheureux si nous vivions toujours dans le présent, et prenions avantage de chaque accident qui nous arrive, comme l'herbe qui confesse l'influence de la plus légère rosée tombée sur elle; et ne perdions pas notre temps à expier la négligence des occasions passées. [.....] Nous nous attardons dans l'hiver quand c'est déjà le printemps."

RP1 ICI