In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 25 mai 2014

Burt Glinn - Earl Bostic (1960)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Burt Glinn (1925-2008). Né à Pittsburgh, formé à Harvard en Histoire et en Littérature, il se tourne vers la photographie à la fin des années 1940, influencé par les récits visuels des grands reporters de l’après-guerre. Il trouve son premier emploi en 1949 comme assistant d'Alfred Eisenstadt au magazine Life.
Puis, devenu photographe indépendant, il rencontre Robert Capa et rejoint en 1951 l'agence Magnum.
Glinn est surtout connu pour sa capacité à saisir l’Histoire en train de se faire : il est à Cuba en janvier 1959, dès les premières heures de la révolution castriste ; il couvre les grandes mutations sociales et politiques de son temps, mais aussi la vie culturelle, photographiant aussi bien Nikita Khrouchtchev que les écrivains de la Beat Generation.

B.G. - Helen Frankenthaler, NYC
(1957)
Les deux photos que j'ai choisies font partie de son travail sur la scène Beat de New York et de San Francisco au tournant des années 50 à 60.
Sur la première, Earl Bostic joue aux échecs avec son trompettiste pendant une pause au Blackhawk, en 1960; derrière le rideau, le soleil se lève....
La seconde photographie est un portrait de l'artiste peintre Helen Frankenthaler dans son studio, en compagnie du sculpteur David Smith.
"Une des choses qu'Henri Cartier-Bresson m'a enseignées, c'est la différence fondamentale entre invention et découverte. L'ampoule est une invention, l'électricité est une découverte. Ton travail consiste à découvrir, et pas à inventer, et tu ne dois jamais avoir de préjugés sur ce que tu vas découvrir.  Ce qui est important c'est de découvrir une certaine vérité dans une situation donnée et d'avoir son propre point de vue."
HH1
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dimanche 18 mai 2014

Louis Grell - Fredericka
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Louis Grell (1887-1960), peintre et muraliste dont la carrière s’est partagée entre les États-Unis et l’Europe.
Né à Council Bluffs, dans l’Iowa, de parents allemands, il part en Europe à l'âge de 12 ans, où il vivra de 1910 à 1915 jusqu'à l'éclatement de la Première Guerre mondiale. Il va y étudier l'art à la prestigieuse École des Arts Appliqués de Hambourg puis à l'Académie royale des Beaux-Arts de Munich, et il assimile très jeune les canons de la peinture historique et décorative.
Revenu aux États-Unis, il devient un maître des fresques d’intérieur, notamment pour les théâtres, hôtels ou grands bâtiments civiques, où il mêle souvent influences classiques et touches Art déco, avec un goût prononcé pour les mises en scène allégoriques.

L.G. - Cabin on the meadow (1952)
Il enseignera aussi à la Chicago Academy of Fine Arts puis à l'Art Institute of Chicago. Il y aura, parmi ses élèves, un jeune homme du nom de... Walt Disney.
Ce serait très exagéré de dire que j'aime beaucoup son oeuvre monumentale, la plus connue ; je lui préfère sa peinture de chevalet. Et si ces deux tableaux ont trouvé leur place dans ma petite collection d'archives c'est que quelque chose dans leur atmosphère, teintée de romantisme, m'a plu ; ils ont donc leur place dans ce blog.
Le premier est un portrait de son épouse, dont le visage ici me rappelle celui de l'actrice anglaise Carey Mulligan (Inside Llewyn Davis) - que j'aime beaucoup - sous une guitare accrochée à la cloison - que j'aime beaucoup aussi (la guitare, pas la cloison). Le second, un paysage très banal et sans éclat, n’aurait sans doute pas retenu mon attention sans ce petit coup de cœur pour le portrait. Comme quoi, à quoi tient parfois que l'on remarque une oeuvre ?

CT1
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samedi 17 mai 2014

Claudia Andujar - Yanomami (1974)

Une image et des mots. Cette photo d'un Yanomami dans son shabono par la photographe brésilienne Claudia Andujar (b.1931) fait partie de la riche série documentaire qu'elle a consacrée à cette ethnie amazonienne, et sur laquelle je ne manquerai pas de revenir.
Pour aller avec, je pense à ces quelques lignes de Bakounine, extraites de son "testament politique", La Révolution sociale (1870).

Contre les lois de la nature, pour l'homme il n'est point de révolte possible, par cette simple raison qu'il n'est lui-même qu'un produit de cette nature et qu'il n'existe qu'en vertu de ces lois. Se révolter contre elle serait donc de sa part une tentative ridicule, une révolte contre soi-même, un vrai suicide. Et lors même que l'homme prend la détermination de se détruire, lors même qu'il exécute ce projet, il agit encore conformément à ces lois naturelles auxquelles rien, ni la pensée, ni la volonté, ni le désespoir, ni aucune autre passion, ni la vie ni la mort ne sauraient le soustraire. [.....] La nature l'enveloppe, le pénètre, constitue toute son existence. Comment pourra-t-il jamais sortir de la nature ?

PN2

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dimanche 11 mai 2014

Anders Zorn - La fille à la cigarette (1892)
A.Z. - Plaisirs de l'été (1886)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et aquarelliste, - mais aussi graveur, sculpteur et photographe - suédois Anders Zorn (1860-1920), déjà présenté ici en juillet 2008. qui illustrent son attention portée aux atmosphères. La première est une huile sur toile, la seconde une aquarelle sur papier ; reflets, remous, transparence, elle témoigne d'un de ses talents les plus éclatants : la représentation de l'eau.
Zorn est au sommet de son art ; il domine aussi bien l’huile que l’aquarelle, et sait rendre avec la même aisance - comme on le voit ici - la souplesse d'un geste que la surface miroitante d’un lac.
A.Z. - Plaisirs de l'été (détail)

Comme rappelé dans la première publication, Anders Zorn entre à l’âge de 15 ans à la très conservatrice Académie royale des arts de Stockholm, dont il s'éloignera plus tard en rendant symboliquement son diplôme, affirmant ainsi son indépendance d’artiste. Puis, dans les années 1880, il fréquente les cercles impressionnistes parisiens, mais il garde une singularité marquée dans son œuvre qui reste profondément liée à sa terre natale et à ses expériences de voyage, ainsi qu’à une curiosité technique insatiable.
Pour l'anecdote, Vacances d'été - premier titre original de "Plaisirs de l'été" -, s'est vendue en 2010 pour plus de 2,5 millions d'euros au Stockholm Auctionwerk.
ML6

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dimanche 4 mai 2014

A.A. - Étudiantes de l'Al-azhar College, Jakarta
(1989)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste franco-iranien Attar Abbas (b.1944). 
Formé à la sociologie avant de se tourner vers la photographie, il commence sa carrière dans les années 1970 avec une attention particulière portée aux conflits, au Vietnam, au Bangladesh, au Moyen-Orient, au Chili, en Afrique du Sud. Mais son œuvre ne se réduit pas à la guerre : elle interroge, plus profondément, le rapport entre idéologie, foi, violence et image.

Attar Abbas - Mexico (1984)
Dans les années 1980, il retourne en Iran, son pays natal, et photographie la Révolution islamique.
De cette expérience naîtra Iran, la révolution confisquée.
Il poursuivra par la suite une vaste enquête photographique sur les grandes religions monothéistes en cherchant non à illustrer la foi mais à en questionner la mise en scène et les contradictions.
« Je photographie comme un écrivain prend des notes », disait-il. Sa photographie, souvent en noir et blanc, est tendue, dense, sans effet. Elle donne à voir, sans pathos ni sensationnalisme, un monde en déséquilibre permanent avec un regain de l'irrationnel à une époque pourtant dominée par la science et la technologie. "Il n’y a pas de plus dangereuse illusion que la notion par laquelle les gens s’imaginent éviter l’illusion", écrivait Fénelon.

samedi 3 mai 2014

Une image et des mots. Nous sommes à deux jours du 5 mai, jour de la mort de Napoléon Bonaparte.
Dans ses mémoires, publiées l'an dernier au Mercure de France, Louise de Prusse rapporte que lors d'une rencontre avec le roi de Prusse, l'Empereur examina le pantalon de son interlocuteur et lui demanda:
"Êtes-vous tous les jours obligé de boutonner tous ces boutons ? Est-ce que vous commencez par le haut ou par le bas ?"
On peut juger la remarque futile, inintéressant de la connaître et donc de la rapporter. Mais tout de même......, que Bonaparte interpelle ainsi un souverain sur l'incommodité de sa braguette en dit long au contraire sur la personnalité de Bonaparte, et sur la domination absolue qu'il exerçait sur ses contemporains, qui qu'ils fussent...

Glissons donc du futile à l'inutile, à quoi, disait Bergson, nous devons savoir attacher du prix.... Les mots qui suivent sont l'incipit du très utile traité d'Abraham Flexner, De l'utilité du savoir inutile (1939).

N'est-il pas curieux que, dans un monde pétri de haines insensées qui menacent la civilisation elle-même, des hommes et des femmes de tout âge, s'arrachant en partie ou totalement au furieux tumulte de la vie quotidienne, choisissent de cultiver la beauté, d'accroître le savoir, de soigner les maladies et d'apaiser les souffrances, comme si, au même moment, des fanatiques ne se vouaient pas au contraire à répandre la douleur, la laideur et la souffrance ? Le monde a toujours été un lieu de misère et de confusion : or les poètes, les artistes et les scientifiques ignorent les facteurs qui auraient sur eux, s'ils n'y prenaient garde, un effet paralysant. D'un point de vue pratique, la vie intellectuelle et spirituelle est, en surface, une forme d'activité inutile que les hommes apprécient parce qu'ils y trouvent plus de satisfactions qu'ils n'en peuvent obtenir ailleurs. On se demandera ici dans quelle mesure la poursuite de ces satisfactions inutiles s'avère en réalité, contre toute attente, la source dont procède une utilité insoupçonnée.
JH1

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