In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 31 juillet 2016

S. Salgado - Serra Pelada, Brésil (1986)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe brésilien Sebastiao Salgado (b.1944), récemment élu à l'Académie des Beaux-Arts où il succède à Lucien Clergue (voir nov. 2014).
Formé à l’économie, il débute à la Banque mondiale avant de se tourner vers la photographie dans les années 1970. Installé à Paris, il collabore avec Sygma, Gamma puis Magnum Photos, avant de cofonder en 1994 l’agence Amazonas Images avec son épouse Lélia Wanick Salgado. Ses grands projets portent sur des thèmes sociaux, économiques et environnementaux :
La Main de l’homme (1993) sur les conditions de travail, Exodes (2000) sur les migrations forcées, ou Genesis (2013) sur la beauté et la fragilité de la planète.

S.S. - Xingu, Mato Grosso (2005)
C'est de cette série, publiée chez Taschen, que sont extraites ces deux images.
La première montre une mine d’or à ciel ouvert dans l’État de Pará, près de l’embouchure de l’Amazone. La seconde, ceux dont le territoire est violé et détruit par cette ruée vers l’or.
Le film Le Sel de la terre, coréalisé en 2013 par Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado, retrace ce parcours.
En écho à ces images, c'était hier le dixième anniversaire de la disparition de Murray Bookchin, qui écrivait dans Our synthetic environment, publié en 1962 sous le nom de plume de Lewis Herber : L'homme exploite la terre qui le nourrit à la manière d'un parasite qui se multiplie jusqu'à ce qu'il tue son hôte.

dimanche 24 juillet 2016

Albert Marquet - Le jardin à Pyla (1935)
 Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres d’Albert Marquet (1875-1947), associé au mouvement fauviste. Formé à l’École des Arts décoratifs grâce au soutien de sa mère, qui croit en son talent et vient s’installer avec lui à Paris, il rencontre Matisse, qui deviendra son ami fidèle.
Tous deux intègrent ensuite l’École des Beaux-Arts, où ils suivent l’enseignement du peintre symboliste Gustave Moreau ; ils partagent dix ans d’apprentissage et de vaches maigres..

A. M. - Les toits de Paris (1906)
Réservé et discret, réfractaire à l'autorité sans être militant, Marquet noue des liens étroits avec les milieux libertaires des années 1890-1900, sans que cela l’empêche, dans l’entre-deux-guerres, de rejoindre une gauche antifasciste plus classique. S’il n’a jamais clairement exprimé ses opinions, « il a un côté ni dieu ni maître, ni jury ni récompense », résume Sophie Krebs, conservatrice en chef au Musée d’Art Moderne de Paris. Apollinaire disait de lui en 1910 : 
« Ce peintre regarde la nature avec bonté. Il y a en lui un peu de la douceur de saint François. »
L’œuvre d’Albert Marquet, avec sa simplification des formes et sa manière unique de capturer la beauté et la poésie de la lumière, reste une contribution importante à l’art du début du XXᵉ siècle. Comme il le disait lui-même : « Je ne sais ni écrire ni parler, mais seulement peindre et dessiner. Regardez ce que je fais. Ou je suis arrivé à m’exprimer ou j’ai échoué. En ce cas, que vous me compreniez ou pas, par votre faute ou par la mienne, je ne peux pas faire plus. »
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samedi 23 juillet 2016

E. Tudor-Hart - Hungry child, White Chapel
(1935)
Une image et des mots. L'image est de la photographe britannique Edith Tudor-Hart, les mots sont de l'égyptien Albert Cossery, extraits de son recueil de nouvelles Les hommes oubliés de Dieu (1927)

Cependant, la ville regorgeait d'une multitude d'êtres, qui n'avaient rien de commun avec ce désordre et ces lumières. Ils passaient près de toutes ces lumières comme des ombres peureuses. Ils regardaient toutes ces belles choses de la ville avec des yeux de bêtes qui ne comprennent pas. Ils transportaient avec eux leur quartier boueux et leur sale misère. Ils étaient visibles comme des plaies. On leur faisait la chasse, mais ils s'obstinaient à rester. Une raison suffisante et implacable les attirait dans cette enceinte magique : la faim. C'était une chose qu'ils comprenaient très bien. Ils étaient innombrables, autour des restaurants, de tous les endroits où l'on mange. Pour eux, manger était tout. Ils ne désiraient rien d'autre. Depuis des générations ils n'avaient pas eu d'autres désirs. C'était des corps ignobles et sans âme. La ville souffrait de les contenir ; la civilisation souffrirait de les voir. Ils ressemblaient à des remords ; des remords très anciens enracinés dans le sol. Mais, malgré tout, ils ne voulaient pas mourir. Mendier un morceau de pain à ceux qui leur avaient tout pris était encore pour eux une chance de vivre. Et on les appelait mendiants ou bien voleurs suivant leur insistance à vivre.
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dimanche 17 juillet 2016

A.M. - Paysage du midi (1919)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'italien Amedeo Modigliani (1884-1920), personnalité emblématique de la bohème montmartroise et de ce que faute de mieux on appelle l' École de Paris.
Peu studieux, Modigliani abandonne ses études à l'âge de 14 ans pour intégrer l'école des beaux-Arts de Livourne ;
il y suit l'enseignement du peintre paysagiste Guglielmo Micheli, formé à l'école des Macchiaioli qui prônent la peinture sur le motif et s'opposent à l'académisme.
Il découvre les grands courants artistiques, l'art toscan, la peinture de la Renaissance, et le préraphaélisme.
Il passe ensuite un an à Florence en 1902, où il s'inscrit à l'École du nu de l'Académie des Beaux-Arts, dirigée par Giovanni Fattori, figure de proue des Macchiaioli.

A.M. - La route toscane (1898)
L'année suivante il fait de même à l'École du nu de l'Académie des Beaux-arts de Venise, où il reste trois ans.
Déjà fasciné par les toscans du Trecento, il découvre les vénitiens qui leur succèdent, Le Tintoret, Titien, Véronèse..., mais aussi les impressionnistes, Cézanne, Toulouse-Lautrec, la période bleue de Picasso, Klimt, et les estampes d'Utamaro...
Modigliani arrive à Paris en 1906, où il mènera une vie de bohème marquée par la précarité et l'abus de drogue et d'alcool. Il peint presque uniquement des portraits et des nus, et sa production ne compte que quatre paysages : c'est cette part mineure de son oeuvre que je choisis de présenter aujourd'hui.
À Montmartre et Montparnasse, il côtoie tous les artistes et écrivains de la bohème parisienne, ceux de la Ruche et ceux du Bateau-Lavoir, de Cendrars à Fernand Léger en passant par Radiguet et Foujita, mais ses amis les plus proches sont Utrillo et Soutine.
Rongé par l'alcool et la tuberculose, Modigliani meurt pauvre au seuil de la célébrité en 1920, à l'âge de 36 ans. Sa jeune compagne Jeanne Hébuterne, âgée de 22 ans seulement, mère de son enfant et enceinte du deuxième, se suicide deux jours après en se jetant par la fenêtre de l'appartement de ses parents qui l'avaient recueillie.
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dimanche 10 juillet 2016

Eamonn Doyle - série End (2016)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Eamonn Doyle (b. 1969), icone de la photographie de rue irlandaise. Né à Dublin, il obtient en 1991 son diplôme de photographie à l’Institute of Art, Design and Technology (IADT) avant de consacrer vingt ans au développement de la scène musicale indie de sa ville comme fondateur du label D1 Recordings et du Dublin Electronic Arts Festival (DEAF). Il revient à la photographie en 2008, concentrant son regard sur les rues du Nord de Dublin.

E. Doyle - série End (2016)
La photographie de Doyle, à la croisée de l’expérience musicale, des textes de Beckett dont il se réclame et de la grande tradition de la street photography (Klein, Levinstein, Moriyama), fait de lui un héraut contemporain de ce genre, où l’image seule, sans texte, parle de la ville et de ses habitants, de leurs mouvements et de leur présence.
Cent ans après l'insurrection de Pâques, le soulèvement qui allait mener l'Irlande vers l'indépendance, il livre une série de clichés pris dans l'artère dublinoise où tout a commencé. C'est là, sur O'Connell Street, que le 24 avril 1916 Pádraig MacPiarais a lu la déclaration d'indépendance de la République d'Irlande.

dimanche 3 juillet 2016

A. Frahm - Falling panties serie (1950)

Le vide-grenier du dimanche. ortement influencé par Haddon Sundblom, dont il fut l’assistant (voir publication du 27/12/2015). Né à Chicago, il étudie à l’Art Institute de Chicago avant de s’installer à New York, où il devient illustrateur commercial et publicitaire. Frahm se spécialise dans des scènes de genre légères et humoristiques, toujours avec une attention méticuleuse aux détails et à la couleur.
Il est particulièrement célèbre pour ses « ladies in distress » : des jeunes femmes dont la jupe se soulève malencontreusement, dans un mélange d'érotisme suggestif et de comédie légère.
Ces compositions, très stylisées, témoignent de l’esthétique populaire américaine de l’après-guerre et de la culture pin-up.

A. F. - Traveling hobo serie
La première illustration en est un exemple ; elle appartient à sa très célèbre - et joliment sexiste - série Falling panties, où de ravissantes demoiselles perdent leurs dessous dans toutes sortes de situations de la vie ordinaire, le plus souvent, comme ici, embarrassées par leur sac de courses d'où émerge immanquablement une branche de céleri.
La seconde fait partie de sa tout aussi sympathique série Traveling Hobo, qui met en scène les tribulations d'une joyeuse bande de vagabonds à travers la pimpante Amérique des années 50.

samedi 2 juillet 2016

A. Wahlberg - Clair de lune à Fjällbacka (1868)
Une image et des mots. Un tableau du peintre suédois Alfred Wahlberg (1834-1906), déjà présenté ici en février 2015.
Ce paysage me fait penser à un poème de Tennyson, Ulysse, écrit en 1833 et dont voici un extrait  :

Venez mes amis
Il n'est pas trop tard pour partir en quête
D'un monde nouveau
Car j'ai toujours le propos
De voguer au-delà du soleil couchant
Et si nous avons perdu cette force
Qui autrefois remuait la terre et le ciel
Ce que nous sommes, nous le sommes ;
Des coeurs héroïques et d'une même trempe
Affaiblis par le temps et le destin
Mais forts par la volonté
De chercher, lutter, trouver, et ne rien céder.

AO3
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