In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 27 septembre 2015

Don Jacot - Rush hour (2009)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre hyperréaliste américain Don Jacot (b.1949), formé à la Wayne State University de Detroit et figure importante de la seconde génération du photoréalisme.
Originaire de Chicago, il se fait connaître dans les années 80 avec ses vues de sa ville natale - usines, plateformes de trains surélevés -, où l'influence du précisionnisme américain se fait sentir, notamment celle de Charles Sheeler (voir juillet 2012) qu’il découvre au Detroit Institute of Art.

Don Jacot - Herald Square (2013)
Dans les années 90, son regard se resserre : il cadre de plus en plus serré sur les vitrines, compose ses propres agencements d’objets - réveils, cafetières chromées, robots de tôle, caméras anciennes -, pour recomposer un monde à la fois dense et familier. Il n’hésite pas à modifier la réalité, à ajouter ou déplacer des éléments pour mieux faire jouer entre eux les couleurs, les surfaces, les formes.
« Je combinai des choses de différentes époques, des objets ayant des fonctions semblables ou une valeur nostalgique, fantaisiste ou symbolique, afin de refléter la culture autour de moi. »
Aujourd'hui, Jacot revient au paysage urbain, mais en plongeant dans la mémoire. À partir de photographies anciennes, il recompose les grandes heures de Broadway ou de Times Square dans les années 30 et 40. Chez lui, le photoréalisme n’est pas tant une fin en soi qu'un moyen de donner corps à un monde presque disparu, de saisir l’empreinte laissée par les objets et les lieux sur notre mémoire collective, avec ce mélange rare de minutie technique et de poésie.
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samedi 26 septembre 2015

Albert Camus (A/U)
Une image et des mots.
"L'homme dansant, ivre d'intelligence, sur les cimes du désespoir", écrivait Élie Faure à propos de Charlot.

Pour accompagner ce beau cliché d'Albert Camus, en ce jour anniversaire de sa naissance, quelques mots de Jules Lequier extraits de son texte La feuille de charmille, écrit en 1865 :

"Un jour, dans le jardin paternel, au moment de prendre une feuille de charmille, je m'émerveillai tout à coup de me sentir le maître absolu de cette action, tout insignifiante qu'elle était. Faire, ou ne pas faire! Toutes les deux si également en mon pouvoir! Une même cause; moi, capable au même instant, comme si j'étais double, de deux effets tout à fait opposés! Et, par l'un ou par l'autre, auteur de quelque chose d'éternel, car quel que fût mon choix, il serait désormais éternellement vrai qu'en ce point de la durée aurait eu lieu ce qu'il m'aurait plu de décider".
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dimanche 20 septembre 2015

Winslow Homer - Moonlight (1874)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre, dessinateur et graveur américain Winslow Homer (1836-1910). Il est considéré, à l'égal de John Singer Sargent (voir juin 2010 et octobre 2014), comme l'un des plus grands peintres américains du 19ème et une figure majeure du courant réaliste.
Pratiquement autodidacte, formé par sa mère aquarelliste et après avoir travaillé comme apprenti chez un imprimeur de lithographies de Boston, il place ses premiers dessins au très populaire journal politique Harper's Weekly, pour qui il documentera la guerre de Sécession au sein de l'Armée du Potomac.
Winslow Homer - Sunset fires (1880)

Puis c'est la découverte, dans une galerie new-yorkaise, de l'oeuvre du français Pierre Édouard Frère qui va déclencher chez lui une envie enthousiaste de se consacrer assidument à la peinture. Il décide alors de prendre des cours à l'Académie américaine des Beaux-Arts auprès d'un peintre français venu en 1855 s'installer à New York, Frederick Rondel, qui sera l'auteur (entre autres) d'une belle Célébration de la Statue de la Liberté (1886). Jusqu'à la fin des années 1870, après un séjour de dix mois à Paris, Winslow Homer va se consacrer principalement à la représentation de la vie rurale et au portrait de la femme américaine du Gilded Age, la Gibson Girl qui est le symbole charmant de cette période de prospérité et d'émancipation qui suivit la fin de la guerre de Sécession jusqu'à la fin du 19ème siècle.
Il va ensuite documenter la vie quotidienne des Noirs, étant l'un des seuls - avec Eastman Johnson qui lui aussi fera l'objet d'une publication - à le faire avec sérieux et respect de son sujet. Enfin, après un séjour d'un peu plus d'un an dans la petite ville portuaire de Tynemouth, en Angleterre, il décide de quitter New York pour s'installer à Prouts Neck, un village côtier du Maine où il va complètement se renouveler et se consacrer jusqu'à la fin de ses jours à la production de marines saisissantes de vigueur et d'intensité.
Le grand illustrateur Howard Pyle recommandait à ses élèves l'étude du travail de Winslow Homer.
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dimanche 13 septembre 2015

D. Godlis - Miami Beach (1974)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain David Godlis (b.1951). 
Né à New York, il photographie sa ville depuis les années 70, époque à laquelle il suit et documente l'explosion de la scène punk au CBGB, le club mythique de New York où il a photographié de nombreux groupes emblématiques de l'époque, comme The Ramones, Patti Smith, et Television.
Mais au-delà de l'iconographie punk, ses images explorent les tensions sociales, le chaos et la vitalité qui régnaient dans la ville à l’époque.

D. Godlis - American art (nd)
Émule de Robert Frank, de Lee Friedlander et de Garry Winogrand, David Godlis résume son approche en quelques mots :
"I'm a street photographer. I walk around with a camera and I shoot what I see."
Son travail s’inscrit ainsi dans la tradition de la photographie de rue, mais avec une dimension plus intime, presque cinématographique. Sa manière de saisir des moments d’apparence anodine, mais chargés de significations subtiles, permet à Godlis de transformer chaque scène en une narration personnelle. C'est ce qui le distingue, cette capacité à repérer ce qui, dans une situation donnée, peut révéler un sens subtil, qu'il s'agisse du texte d'une affiche ou du titre d’un film sur une enseigne de cinéma. Ce jeu entre l’environnement et l'attitude des personnages donne souvent lieu à une réflexion à la fois humoristique et poétique sur la condition humaine, à l’image de cette photo d’une femme qui se détend au pied de l’ombre d’un palmier.

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dimanche 6 septembre 2015

V. Polenov - Femme en forêt
(1883)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Vassili Polenov (1844-1927), évoqué dans la publication d'octobre 2012 consacrée à Izaak Levitan.
Figure majeure du mouvement réaliste, il est aussi l'autre grande influence - avec Vassili Perov - d'Abram Arkhipov, présenté ici en avril 2014.
Contrairement à son élève, Polenov naît dans une famille aisée d'aristocrates, pétrie de valeurs humanistes et férue d'art et de science. Son grand-père, un juriste qui milite pour l'abolition du servage et l'alphabétisation du peuple, publie un essai proclamant que "de bonnes moeurs valent mieux que de bonnes lois".
Adhérent du mouvement des Itinérants (ou Ambulants), il est aussi de ceux qui fréquentent Abramtsevo, la colonie artistique voulue par le mécène Saava Mamontov, déjà évoqué dans la publication du 10 février 2013 consacrée à Valentin Serov.
V.P. - Le Christ et la pécheresse
(1888)

Son tableau Le Christ et la pécheresse est un modèle en terme de volonté de réalisme. Après quelques années d'esquisses et d'études, il entreprend en 1881 un voyage au Proche et Moyen-Orient, de Constantinople à la Palestine, pour y observer l'architecture et l'environnement, ainsi que la physionomie et les moeurs des habitants.
De retour à Moscou il se rend compte que si les informations dont il dispose sur l'architecture sont suffisantes, ce n'est pas le cas en ce qui concerne la physionomie orientale. Il repart alors, à Rome cette fois où il reste un an, et y travaille sur la physionomie de la communauté juive italienne. Son Christ, écrit le journaliste Vladimir Kortolenko "est un homme, vraiment un homme, fort, musclé, avec la peau tannée d'un prédicateur oriental toujours sur la route." C'est un chef-d'oeuvre.
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samedi 5 septembre 2015

Araña mona (Theraphosa blondi)
Une image et des mots. C'est un corrézien, Pierre-André Latreille, qui au début du 19e, a le premier répertorié sous le nom de mygale de Leblond cette belle araignée amazonienne que l'on appelle aussi mygale Goliath, ou, ici, "araña mona". C'est la plus grosse araignée au monde. Elle vit dans des terriers dont elle sort plutôt la nuit pour chasser, et à certains endroits de la forêt le sol est truffé des trous de ses repaires.
Pour la capturer, les indiens Piaroas grattent la terre à l'entrée de son terrier à l'aide de brindilles. Lorsque l'animal en surgit, pensant que ce mouvement qu'elle perçoit est d'une proie possible - rongeur ou oiseau - il faut agir très vite. De l'index la plaquer fermement au sol en appuyant sur le thorax, de l'autre main vite ramener ses pattes arrières entre les doigts restés libres, plutôt le pouce et le majeur, pour l'empêcher de s'en brosser l'abdomen et de répandre ainsi un nuage de poils très urticants. On peut ensuite ramener les pattes latérales et antérieures entre les deux doigts pour toutes les réunir (en faisant bien attention à ne pas se faire mordre), et l'on peut dès lors tenir sans danger l'araignée par ses huit pattes ramenées au-dessus du corps. Il ne reste plus qu'à l'envelopper dans cette position dans une feuille roulée en forme de bourse que l'on va lier et maintenir fermée par une fine liane.
De retour au campement, les araignées seront embrochées sur une tige de bois pour être grillées au-dessus du feu, une fois l'abdomen arraché car seule la chair blanche du thorax et des pattes, au léger goût de crabe, se consomme.
On procède de la même façon avec les marshmallows qui, à la différence de la mygale, ne vivent pas dans des terriers mais dans des poches en plastique ; par ailleurs, comme ils sont dépourvus de pattes ils ne peuvent pas s'enfuir et leur capture s'en trouve grandement facilitée, ce qui explique que l'on observe plus de cas de surpoids chez les jeunes scouts que chez les enfants amazoniens.
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