In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 30 août 2015

W.A.Chase. - The key note (1915)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre anglais William Arthur Chase (1878-1944), portraitiste et spécialiste de la peinture florale.
Né à Bristol, Chase se forme dans les écoles d’art de Londres - City and Guilds et Regent Street Polytechnic - tout en menant une carrière dans l’administration fiscale.
W.A.C. - Abundant flower bunch
(c.1930)

Ce n'est ni pour ses portraits ni pour ses compositions florales que je le présente ici - sans les dédaigner ce ne sont pas mes genres préférés -, mais pour ce tableau que j'aime beaucoup, The keynote.
Je n'y vois aucune... fausse note. Tout sonne juste : l’harmonie des couleurs, la parfaite féminité de l’attitude, la grâce de la main qui enfonce la tonique… et ce choix délibéré de l’artiste, qui nous laisse imaginer un visage que nous ne verrons jamais.
VM3

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dimanche 23 août 2015

Jonas Bendiksen - El Valle, Caracas (2007)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photo-journaliste norvégien Jonas Bendiksen (b.1977), membre de Magnum Photos depuis 2004. À dix-neuf ans, il rejoint l’agence comme stagiaire à Londres, avant de partir s’immerger plusieurs années dans les marges de l’ex-URSS.
C'est de cette période que naîtra Satellites, un premier livre marquant où il photographie les micro-républiques post-soviétiques avec un regard à la fois documentaire et attentif à la fiction collective.

J.B. - Laxmi Chawl, Mumbai (2006)
Mais les deux clichés que j'ai choisis aujourd'hui font partie de sa série "The places we live", et nous parlent de l'enfance dans les bidonvilles. Au lieu de chercher le choc ou la misère, Bendiksen donne à voir des vies concrètes, des visages, des intérieurs...  
Le premier cliché a été pris dans les ranchitos de El Valle, sur les collines qui cernent la capitale vénézuélienne, le second à Laxmi Chawl, un des quartiers de Dharavi, le plus grand ensemble de bidonvilles de Bombay.
Photography is about storytelling. It's about connecting with people and sharing experiences.
Pour découvrir le travail de Jonas Bendiksen, c'est ICI.

dimanche 16 août 2015

Bruyn l'Ancien
Portrait d'Elisabeth Bellinghausen (c.1538)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Bartolomäus Bruyn l'Ancien (1493-1555), peintre allemand de la Renaissance rhénane, contemporain de Cranach et de Holbein. Formé auprès de Jan Joest van Kalkar, il assimile très tôt, aux côtés de Joos van Cleve, l’usage d’une lumière dramatique et d’un modelé adoucissant les contours, visibles dans ses premiers retables des années 1510-1520.
Spécialiste des portraits et des retables, il accorde un soin extrême aux visages, aux mains, aux étoffes et aux bijoux. Premier grand portraitiste de Cologne, il fonde une école poursuivie par ses fils Arnt et Barthel le Jeune.
Bruyn L'Ancien
L'Adoration des Mages (c.1515)

Ses modèles - bourgeois et patriciens - posent frontalement, dans des compositions d’un naturalisme précis, souvent relevées de couleurs vives. On lit dans leurs portraits la prospérité de ses commanditaires, mais aussi leur volonté de se présenter avec gravité et retenue. Nourries de la tradition nordique et parfois enrichies de symboles de vanité au verso, ses effigies saisissent la bourgeoisie montante avec une pénétration tranquille, loin de toute flatterie de cour. Partagée entre grands retables (Essen, Xanten) et portraits, l'œuvre de Bruyn l'Ancien marque l’un des derniers sommets de la Renaissance rhénane avant son déclin.
BM1
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samedi 15 août 2015

Paul Himmel - Brooklyn Bridge (1948)
Une image et des mots. L'image est un cliché du photographe documentaire américain Paul Himmel (1914-2009). Que contemple cet homme du haut du Brooklyn Bridge ? Et à quoi pense-t-il ? À la verticalité obstinée de nos aspirations ou au fleuve d'Héraclite ?
Pour l'accompagner, voici quelques lignes de Jean Guéhenno, extraites de son récit autobiographique Changer la vie (1961).

C'est une incroyable chance d'avoir quelquefois le temps de vivre, le temps de la conscience, fût-ce la conscience de tout son malheur, de pouvoir s'arrêter quelquefois, reprendre souffle et lever la tête pour contempler l'étonnant paysage autour de soi, y reconnaître sa place et se perdre en lui. C'est une lubie peut-être de cet homme de livres, de ce flâneur que je suis devenu. Mais il me semble qu'aucun plus grand bonheur n'est possible pour les hommes. Ce n'est pas le bonheur du bonheur, mais le bonheur de la libre respiration, de l'oubli de soi. Alors la course se ralentit jusqu'à s'arrêter. Les choses ne sont plus autour de nous l'enjeu d'un combat, mais rien qu'un spectacle que nous voulons comprendre. Nous ne rapportons plus rien à nous-mêmes. Il n'est plus ni bonheur, ni malheur, parce qu'il n'est plus ni désir ni angoisse. Nous ne sommes plus rien qu'un effort pour nous accorder à une présence éternelle, mais ce sont là bien des mots pour souhaiter à tous les hommes des loisirs et des rêves.
AL1

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dimanche 9 août 2015

W.H.R. - The lullaby bed (nd)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de William Heath Robinson (1872-1944), illustrateur britannique à l’imaginaire débordant et qui fut certainement l'un des artistes les plus décalés et les plus amusants du début du 20ᵉ siècle. Avec ses machines farfelues, souvent imprégnées d'une douce poésie absurde, Robinson transforme des tâches ou des situations quotidiennes simples en entreprises délirantes.
Mais derrière l'humour, comme souvent, il y a la satire sociale : l'artiste critique, à travers la complexité de ses inventions, une tendance à multiplier les technologies et à compliquer ce qui pourrait être fait simplement. L’absurde se mêle ici à la réalité, et chaque élément du dessin paraît posséder une logique propre, tout en étant totalement fantaisiste.

W.H.R. - The Kinecar (1926)
Aujourd'hui, les œuvres de William Heath Robinson n'ont rien perdu de leur fraîcheur et son style unique demeure une référence obligée pour ceux qui aiment jongler avec l'absurde et le visuel. Ces œuvres font plus que nous divertir : elles pointent du doigt, de manière légère mais percutante, une certaine absurdité de la société moderne. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, s'interrogeait Jacques Rouxel, le créateur des Shadoks.
LA1

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dimanche 2 août 2015

H.G. - Fort Mahon, Baie de Somme (1991)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe belge Harry Gruyaert (b.1941) déjà présenté en août 2009. Formé à l'École de Photographie et de Cinéma de Bruxelles, il dit n'avoir jamais avoir voulu être autre chose qu'un photographe. Je ne saurais pas comment vivre sans la photographie. Je ne sais pas ce que ma vie serait sans elle, un trou noir probablement.

H.G. - Extremadure, Espagne (1998)


Bien plus proche des grands coloristes américains que j'avais cités dans la première publication que de la photographie humaniste française, il convient que si le noir et blanc amplifie la relation à autrui, c'est la couleur - dès lors qu'on opte pour elle -, et non les personnages qui doit être au centre de la composition. C'est ce qu'illustrent les deux clichés présentés aujourd'hui, même si chacun le fait de façon totalement différente.

DO2
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samedi 1 août 2015

R.K. - Figure of nude man running among the stars

Une image et des mots. Cette gravure du peintre et illustrateur américain Rockwell Kent, sur qui je reviendrai, a été acquise par le Musée des beaux-arts de San Francisco (FAMSF) en 1963.
Elle me fait penser à un passage de Vivre à part soi, un des trois essais de l'essayiste anglo-irlandais William Hazlitt - peintre lui aussi, d'ailleurs -, parus chez La Table Ronde sous le titre La solitude est sainte.

Marchons donc intrépidement, où que nous conduise le cours des hasards de la vie. Où qu'ils nous conduisent, quelle que soit la côte à laquelle ils nous jettent, nous ne serons jamais tout à fait étrangers. Nous constaterons la même marche des saisons, et le même soleil et la même lune guideront le cours de notre année. La même voute azurée, pailletée d'étoiles, se déploiera partout au dessus-de nos têtes. Il n'est aucune partie du monde d'où nous ne puissions admirer ces planètes qui parcourent, comme la nôtre, diverses orbites autour du même soleil ; d'où nous ne puissions découvrir un objet encore plus extraordinaire, cette armée d'étoiles fixes, suspendues dans l'immense espace de l'univers, soleils innombrables dont les rayons éclairent et chérissent les mondes inconnus qui tournent autour d'eux - et quand je suis transporté par de telles méditations, quand mon âme s'élève ainsi jusqu'au ciel, peu m'importe le sol sur lequel je marche.

JM2
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RP1 ICI