In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 30 octobre 2011

P. Mondrian - Row of trees along the Gein (1905)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du néerlandais Pieter Mondriaan - dit Piet Mondrian (1872-1944), figure centrale de l’abstraction géométrique et cofondateur du mouvement De StijlNé aux Pays-Bas, formé à l'Académie royale des beaux-arts d'Amsterdam, il débute pourtant sa carrière dans un registre bien différent : paysages bucoliques, moulins à vent, arbres et rivières, qu’il peint dans une palette sourde, héritée l’école de La Haye et nourrie de symbolisme.

P.M. - House on the Gein (1900)
En ce qui me concerne, plus encore que dans les compositions du fondateur du mouvement De Stijl - qui prônait une esthétique épurée fondée sur les seules lignes horizontales et verticales, et les couleurs primaires -, c’est dans ses paysages et ses arbres stylisés, encore enracinés dans le monde visible, que je trouve une poésie et une sensibilité qui me touchent profondément.
Je me suis arrêté au Mondriaan figuratif, et c’est ce versant-là de son œuvre que je souhaite présenter aujourd’hui. Avant qu’il ne se détache de toute figuration dans sa quête obsessionnelle de « l’essence des choses ».
Car, à partir des années 1910, sous l’influence du cubisme français et de ses propres recherches sur l’harmonie, Mondriaan entreprend une transformation radicale de son style. Son objectif : atteindre une forme de beauté universelle, débarrassée de toute représentation figurative.
« Si l’universel est l’essentiel, alors il est la base de toute vie et de tout art. Reconnaître et nous unir à l’universel nous procure la plus grande satisfaction esthétique, le plus grand sentiment de beauté. ». Ce qu’il appellera le néoplasticisme n’est donc pas une simple esthétique, mais une quête d’ordre, de spiritualité, de rythme absolu.
Il y a des artistes dont on se sent si proches qu'ils deviennent pour nous comme des frères...  Quand je serai grand j'écrirai un livre sur Mondriaan.
HM1

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dimanche 23 octobre 2011

A. Gursky - Mayday V (2006)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'allemand Andreas Gursky (b.1955), formé à l'académie des Beaux-Arts de Düsseldorf, où il enseigne aujourd'hui, par les photographes conceptuels Bernd et Hilla Becher.
Gursky, dont les photographies sont parmi les plus chères au monde,  est connu pour ses très grands formats, d'une extrême définition, souvent pris en surplomb, frontaux, et marqués par une froideur quasi clinique. Ce que je crois avoir compris, en lisant sur lui, c’est qu’il retouche, recompose, reconstruit ses images non pour les embellir, mais pour les condenser, en révéler la structure profonde. Il ne s’agit pas de saisir et de restituer le réel, mais d’en proposer une sorte de cartographie visuelle et critique. Cette monumentalité frontale, quelquefois presque abstraite, évoque les grands tableaux d’histoire… mais pour un monde où l’histoire paraît avoir été remplacée par le flux, l’accumulation, la saturation.. En cela, ses images agissent comme un miroir critique de la mondialisation, de l’économie de masse et du paysage.

A. Gursky - 99 Cent (1999)
Assez ironiquement, ce cliché d'un supermarché "hard discount" (tout à 99 cents), se classe au 5ème rang des photographies les plus chères au monde. Lors d'une vente publique le 7 février 2007, un premier tirage a été adjugé pour 3,34 millions de dollars.
La vente d'un autre tirage à New York en mai 2006 a rapporté 2,25 millions, et un troisième tirage y a été vendu 2,48 millions en novembre de la même année. 
My preferencee for clear structures is the result of my desire - perhaps illusory - to keep track of things and maintain my grip on the world.
À partir de 1990, avec le recours à la photographie numérique, il combine plusieurs clichés d'un même sujet pris depuis des angles différents, générant ainsi des reproductions répétées des objets qui le composent ou, comme à la Bourse de Tokyo, des êtres qui l'occupent.
I am never interested in the individual, but in the human species and its environment.
Il me semble qu'il y a dans les œuvres de Gursky une forme d’étrangeté poétique, comme si le chaos du monde, mis à plat, finissait par produire une forme d’ordre, voire de beauté.
EV1

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samedi 22 octobre 2011

Edvard Munch - Mélancolie (1892)

Une image et des mots. Une des sept propositions du norvégien Edvard Munch (1863-1944) - cinq huiles sur toiles et deux gravures sur bois -, sur le thème de la mélancolie... ; cette maladie - disait Gérard de Nerval -, qui consiste à voir les choses comme elles sont.
Je repense en voyant ce tableau à quelques lignes de Roger Nimier lues dans Le hussard bleu (1950).

Paris, voici ton fleuve et les larmes que tu versas, voilà ton visage au front penché. [.....] Désormais, je connais mon rôle sur la terre, mais je ne sais qui je suis. 
Voyageur, pose des yeux tristes sur les choses, elles te le rendront au centuple. Le visage barré du ciel menace et te guide à la fois. Vivre, il me faudra vivre encore, quelque temps parmi ceux-là. Tout ce qui est humain m'est étranger.

CH1

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dimanche 16 octobre 2011

Ernst Haas - Homecoming (1947)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'austro-américain Ernst Haas (1921-1986), figure pionnière de la photographie couleur au XXe siècle. Il est l’un des premiers photographes à revendiquer pleinement la couleur non pas comme simple information visuelle, mais comme matière expressive à part entière. 
Né à Vienne, formé d’abord à la peinture, il commence à photographier après la guerre, en autodidacte, et connaît une reconnaissance précoce avec sa série sur les prisonniers de guerre rentrant à Vienne. Cela donnera le photo-reportage Homecoming (1947), qui va inciter Robert Capa à l'inviter à rejoindre l'agence Magnum, créée au sortir de la guerre, aux côtés d'Henri Cartier-Bresson et de David Seymour.

E. Haas - New York (1970)
C'est toujours grâce à Capa qu'il rejoint New York en 1950 où il va documenter l'arrivée d'immigrants, comme lui, à Ellis Island. Puis ce sera l'entrée fracassante en 1953 dans le monde de la photographie couleur, dont il sera un des grands pionniers, avec sa série sur New York pour Life Magazine : "New York, A magic city.. "
"I am not interested in shooting new things.. I am interested to see things new", a-t-il dit un jour.
À partir des années 50 il développe un style profondément personnel, fondé sur le flou, le mouvement, la saturation chromatique : une approche poétique et sensorielle du monde, qui fait souvent penser à la peinture abstraite américaine. « Color is joy. One does not think joy. One is all joy. »
Et le reste, comme disent les anglo-saxons, is history.
TR1
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dimanche 9 octobre 2011

Deb Garlick - Old school
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de la canadienne Deb Garlick (b.1966), peintre, illustratrice, et photographe installée sur la côte Ouest. Formée en histoire de l’art et en arts visuels, elle a d’abord exploré la peinture abstraite avant de s’orienter vers une pratique plus figurative, sans jamais renoncer à une approche très sensible de la lumière et de la texture.
Au-delà de l'évasif label "figuratif contemporain" qui estampille généralement son travail, ce qui pour moi le caractérise véritablement c'est un sentiment d'immobilité mais qui n'a rien d'oppressant, une atmosphère presque palpable de détachement et de paix comme dans une retraite apaisée du monde.

D. Garlick - Untitled
My paintings are calm.
I take all the threads of an experience and I simplify, simplify, simplify. I champion the slow moments and honour the serene.
Pour la connaître mieux, c'est ICI.
SO1

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dimanche 2 octobre 2011

Elliott Erwitt - Robert & Mary Frank
Valence, Espagne
 
(1952)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe franco-américain Elliott Erwitt (b.1928), figure majeure de la photographie humaniste et membre de l’agence Magnum depuis 1953. Né à Paris le 26 juillet 1928, de parents immigrés juifs-russes, il vit en Italie où sa famille déménage avant d'émigrer aux États-Unis en 1939. 
Erwitt a étudié la photographie et la réalisation cinématographique au Los Angeles City College et à la New School for Social Research, avant d'être incorporé en 1951 dans l’armée américaine où il est assistant-photographe, pour en être démobilisé en 1953.

E.E. - NYC, Chrysler Building (1955)
Et c'est dès 1953, à la suite de sa fameuse photo USA, North Carolina, aussi connue sous le titre de Segregated water fountain et qui fera l'objet d'une future publication, qu'il a intégré l'agence Magnum, encouragé par Edward Steichen (voir mars 2010) et Roy Stryker et à l'invitation de Robert Capa.
Pour moi, la photographie est un art de l'observation. Il s'agit de trouver quelque chose d'intéressant dans un endroit ordinaire... Je me suis rendu compte que cela avait peu à voir avec ce que vous voyez, mais tout à voir avec la façon dont vous le voyez.
FT1
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samedi 1 octobre 2011

Papyrus d'Hounefer (ca 1275 av. J.-C.)
Une image et des mots. Où il sera question du poids de l'âme...
Si l’on en croit les conclusions que le Dr Duncan McDougall a tiré de ses expériences, dont le New York Times s’était fait l’écho le 11 mars 1907, le poids de l’âme est précisément de 21,3 grammes (3/4 d’once).

Mais le Livre des Morts égyptien décrit ainsi la cérémonie, présidée par Osiris, de la pesée de l’âme : le cœur du défunt, siège de la conscience,  est placé sur le plateau d’une balance tandis que sur l’autre se trouve une plume d’autruche, symbole de Maât, déesse de la vérité et de la justice. Si le cœur est plus lourd, si le défunt a vécu dans le mal, il est livré à Ammit, dévoreuse des âmes impures. L'image, c'est donc cette représentation de la pesée de l'âme en présence d'Osiris, sur le papyrus d'Hounefer, conservé au British Museum (le récit de la cérémonie se lit de droite à gauche).

Les mots sont un extrait d'une nouvelle d'André Maurois, Le peseur d'âmes (1931) :
"Il éteignit l’électricité et mit en marche l’appareil. Aussitôt le petit noyau allongé brilla de son éclat doux de nébuleuse. [….] Je me mis à compter lentement. Un... deux… trois... quatre... J’arrivais à cinquante quand je vis paraître un brouillard bleuâtre. Il me sembla d’abord informe et comme épars sur toute la largeur du faisceau.
Mais ce stade fut si court que je ne pus l’observer. Tout de suite la fumée se trouva condensée en une masse laiteuse, longue à peu prés de quatre pouces, dont le bas était horizontal et dont le sommet arrondi suivait la courbe de la cloche.
Cette masse n’était pas immobile, ni homogène. On y voyait des courants plus clairs et plus foncés.
Je ne pourrais mieux vous la décrire qu’en vous demandant d’imaginer des fumées de cigarette d’épaisseurs et de couleurs légèrement différentes, superposant leurs spires et leurs anneaux jusqu’à former un objet aux contours bien définis.
- Docteur, dit la voix de Gregory, effrayée... Docteur, Docteur... Vous voyez cet oeuf de lumière?
"

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