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A. Stevens - Mappemonde |
Au faîte de la célébrité, à l'abri de toutes les contingences et alors que rien ne l'y obligeait, il demande au maire de Paris l'autorisation de s'engager dans la Garde Nationale pour combattre au côté de ses amis français lors du siège de Paris, en 1870.
" Je suis à Paris depuis vingt ans, j'ai épousé une parisienne, mes enfants sont nés à Paris, mon talent, si j'en ai, je le dois en grande partie à la France."
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A.S. - Symphonie en vert (1892) |
Ces deux femmes ont reçu une lettre. Le premier tableau, "Mappemonde", porte aussi le titre de "Nouvelles de l'absent".
Le pli qui contenait la lettre a été décacheté à la hâte par des mains sans doute fébriles. La destinataire l'a laissé choir, et son regard se perd maintenant dans de lointaines géographies.
Elle est pensive, comme l'est aussi la dame en vert, qui regarde sans le voir l'oiseau posé à sa fenêtre.
La rêverie - nous dit Flaubert dans Madame Bovary -, c'est une chambre d'écho où l'âme fait vibrer les sons lointains qu'elle y a entendus, mais c'est aussi une impasse où elle se perd, et où, si elle s'attarde, elle finit par se dissoudre.
Il y a ainsi dans la peinture mondaine d'Alfred Stevens autre chose qu’une simple image d’apparat : comme une mélancolie diffuse qui préfigure parfois les atmosphères d’un Vilhelm Hammershøi (voir janvier 2010).
Au tournant du siècle, Stevens est admiré et célébré, puis quelque peu oublié, avant d’être redécouvert comme un fin observateur de la société du Second Empire et un peintre subtil du féminin.
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