dimanche 29 août 2021

S.A.Vinogradov - Rêves d'été

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre russe Sergueï Arsenievitch Vinogradov (1869-1938), pionnier de l'impressionnisme.
Il étudie pendant près de dix ans à l'École de peinture, de sculpture et d'architecture de Moscou, où il suit notamment l'enseignement de Vassili Polenov (voir publication de septembre 2015), membre du mouvement réaliste des Ambulants dont il fera lui aussi partie plus tard.

S.A.V. - Jour d'été en Crimée (1917)









À partir de 1898 il enseigne à son tour la peinture, à l'académie Stroganov de Moscou dont il va ensuite devenir membre, et cofonde en 1903 l'Union des artistes russes.
Puis il part enfin enseigner à Riga, en Lettonie, où il restera jusqu'à sa mort. Voici deux tableaux que j'aime beaucoup, pour leur composition, leurs couleurs, leur lumière... ; deux portraits de jeunes femmes dont on ne connaîtra pas le visage. La première, a-t-elle levé les yeux de sa lecture pour s'abandonner au monde qu'elle révèle ? Et la seconde, sur quel lointain porte-t-elle son regard ? Chaque jour on regardait ça, disait Duras ; la mer écrite.

samedi 28 août 2021

A/U - London tram on Embankment (1938)
Une image et des mots. Une belle photographie anonyme sur les bords de la Tamise, et un extrait du roman d'Aragon, Les voyageurs de l'impériale (1942).

- C'est drôle comme on passe d'une condition à l'autre... Il y a des gens qui montent, d'autres qui descendent..., ce n'est pas comme dans l'escalier, ils ne se croisent pas...
- Plaît-il?
- Rien... je voulais dire... que nous imaginons grossièrement la société comme formée de compartiments étanches bien séparés... et puis des échanges, des va-et-vient... il n'y a pas vraiment de classes...
- D'un côté, vous dites vrai ; et d'un autre... Vous vous dites qu'il n'y a pas de classes, parce que vous avez toujours vécu dans la même... Notez que je n'ai jamais été socialiste. Mais j'ai été ouvrier. Alors je connais tous les mensonges. Ceux qu'on dit en bas, ceux qu'on dit en haut.

dimanche 22 août 2021

W.G. - Devant le miroir (1910)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et sculpteur allemand Wilhelm Gallhof (1878-1918), qui s'imposa au début du XXe siècle comme l'un des artistes allemands les plus en vue pour ses représentations de nus féminins, s'inscrivant dans les mouvements impressionniste et Jugendstil (Art nouveau allemand). D'après certaines sources, il aurait étudié la peinture d'histoire avec Johann Caspar Herterich à l'Académie des beaux-arts de Munich, puis à l'école des arts appliqués de Karlsruhe sous Ludwig Schmidt-Reutte, et enfin à Berlin avec le peintre Lovis Corinth, membre de la Sécession berlinoise et que l'Allemagne nazie qualifiera plus tard de dégénéré.
Gallhof , qui a travaillé notamment à Weimar et à Paris, était également membre du Deutscher Künstlerbund, une association d'artistes en Allemagne.

W.G. - Le collier de corail (c.1917)
Son style de peinture, rapide et fluide, était parfois controversé en raison de ses nombreuses œuvres érotiques, perçues comme provocantes et même pornographiques pour l'époque, bien qu'il fût respecté dans les milieux artistiques.
Les sujets et thèmes de ses œuvres s'inscrivaient dans l'air du temps de l'Allemagne d'avant-guerre, capturant l'esprit de transition vers les années folles.
Son tableau le plus célèbre et souvent reproduit est Le Collier de corail (Die Korallenkette) de 1917. Cette peinture, qui représente une femme nue regardant dans un miroir et portant des colliers de corail autour du cou et de la cheville (ci-contre), fut même publiée en couverture du magazine Jugend, un magazine culturel fondé en 1896 et très influent dans le monde de l'art et de la littérature. L'année suivante Gallhof meurt au combat à peine âgé de 40 ans, alors que touche à sa fin "la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite", selon les mots du Maréchal Lyautey.

dimanche 15 août 2021

James Nachtwey - Kaboul, Afghanistan (1996)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe de guerre américain James Nachtwey.
Né en 1948, il débute sa carrière dans les années 1970, se faisant rapidement connaître pour son courage et son engagement à couvrir des événements tragiques dans les régions les plus dangereuses du monde.

J.N. - Kaboul, Afghanistan
(1996)



Une femme pleure son frère tué par les talibans lors du siège de Kaboul en 1996, une autre erre dans les ruines du quartier des affaires, dans le centre de la capitale afghane à la même époque.
Depuis plus de 40 ans, James Nachtwey documente les guerres, les catastrophes et les famines; il donne à voir l'insupportable avec des photos sublimes. Ses images, qui constituent un témoignage puissant des réalités les plus dures de notre époque, appellent à une réflexion sur les injustices et la souffrance humaines.
"I hope my archive will inspire future generations to approach the world with the same global perspective and concern for human dignity and social justice that I have sought to convey through my work".

dimanche 8 août 2021

A.D. - Communication breakdown
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Alex Devereux (b.1974).  Formé à l’American Academy of Art de Chicago, où il étudie le design graphique et l’illustration, il découvre presque par hasard le photoréalisme lors d’un projet étudiant : photographier une Buick de 1956 abandonnée dans une casse automobile, image fondatrice qui le conduira à la peinture. Après avoir expérimenté divers médiums (crayon, aquarelle, fusain), il choisit l’acrylique, qui lui permet de restituer au mieux l’intensité lumineuse de ses sujets.

A.D. - Blue swallow
Depuis l’enfance, Devereux nourrit une fascination pour l’imagerie rétro et l’Americana d’après-guerre : stations-service désaffectées, enseignes lumineuses fatiguées, anciennes gares de triage et dépôts ferroviaires. Son travail explore la beauté cachée de ces lieux modestes, révélée par des atmosphères de solitude et par une attention extrême aux effets lumineux - de la crudité des néons à la douceur électrique du crépuscule. Entre abandon et mémoire, désuétude et présence, le regard d'Alex Devereux redonne à l’insignifiant une âme intemporelle.

samedi 7 août 2021

F.Bimmer - Clown Army, Rostock, Germany (2007)

Une image et des mots. Un cliché de Fabian Bimmer, pris lors du sommet du G8 à Rostock le 2 juin 2007. Les mots que j'ai choisis pour aller avec sont extraits de l'ouvrage de Georg Simmel, Philosophie de la mode, paru chez Allia en 2013.

Celui qui, par sa toilette ou ses manières d'être, adopte délibérément le contre-pied de la mode accède lui aussi au sentiment d'individualisation qui s'y attache. Mais c'est alors au moyen d'une pure négation de l'exemple social, et non pas en raison d'une qualification individuelle. Si être à la mode consiste à imiter l'exemple social, la refuser intentionnellement revient à inverser cette imitation, ce qui ne témoigne pas moins du pouvoir des tendances sociales dont, d'une manière ou d'une autre, positivement ou négativement, nous sommes toujours dépendants. La victime de la mode et celui qui s'y oppose intentionnellement s'emparent tous deux d'un contenu, et ne diffèrent que par la forme qu'ils donnent à ce contenu : le premier celle de la surenchère, le second celle de la négation.

dimanche 1 août 2021

W.L. Metcalf - The Rocks of Nantucket
(1875)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre impressionniste américain Willard Leroy Metcalf (1858-1925), membre du groupe des Ten.
De 1883 à 1889, Metcalf vit en France où il suit, à l'Académie Julian,  l'enseignement de Gustave Boulanger et de Jules Joseph Lefebvre.

W.M. - East Boothbay Harbor (1904)

Il voyage alors en Bretagne et en Normandie, croquant les villages de Pont-Aven et de Grez-sur-Loing (voir publication de juin 2020 sur Larsson) et leurs environs. Finalement c'est lui qui est à l'origine de la ruée des peintres américains à Giverny.
Il retourne ensuite aux États-Unis et s'installe à New York. Riche de ses expériences en France, et confronté à la découverte des paysages éthérés de Hassam, de Twachtman, et de Weir, Metcalf se départ de plus en plus de son style académique. En 1897, eux quatre et six autres peintres se retirent de la Society of American Artists et fondent The Ten, un groupe qui pendant vingt ans va être le représentant de l'impressionnisme américain.